Nous présentons dans la section suivante des exemples typiques de travail professionnel effectué par les actuaires. Sans être exhaustif, les secteurs d’activité professionnelle énumérés ci-dessous donnent un bon aperçu des employeurs typiques et des tâches principales de plusieurs actuaires. Il faut noter que le lien entre le type d’employeur et la spécialisation du travail professionnel en actuariat n’est pas clairement délimité : on peut par exemple trouver dans une société d’assurance vie des actuaires spécialisés dans le domaine des régimes de retraite ou de l’investissement. Toutefois, la présentation par employeur type donne une bonne image du travail de l’actuaire.
Nous présentons successivement les domaines d’activités professionnelles suivants : assurance de personnes (individuelle et collective), assurance I.A.R.D., régimes de retraite, sécurité sociale et régimes généraux, risques financiers et divers (réassurance, universités, etc.).
Le secteur des assurances de personnes est sans doute le premier domaine d’emploi de l’actuaire d’un point de vue historique. L’assureur offre une protection contre certains risques en offrant des polices d’assurance. Les risques suivants donnent un aperçu de quelques produits offerts:
Ces polices d’assurance font l’objet d’un contrat émis à une seule personne (assurances et rentes individuelles) ou à un groupe tel que les employés d’une entreprise (assurances et rentes collectives).
L’actuaire s’occupera typiquement des tâches suivantes :
Certains actuaires se spécialisent dans le développement et la recherche de nouveaux produits, la mise en marché ou la réassurance de ces produits. D’autres travailleront plus étroitement dans le domaine des investissements des fonds recueillis par l’assureur.
Enfin, il est courant de retrouver des actuaires aux postes de haute direction d’une société d’assurance: leurs tâches quotidiennes impliquent alors plus souvent des activités administratives et de stratégie corporative.
Les assurances I.A.R.D. couvrent les risques « Incendie, accidents et risques divers ». On retrouve également l’appellation assurances générales ou assurances de dommages dans l’environnement canadien.
L’assurance I.A.R.D. se spécialise dans les risques touchant les biens et la responsabilité. Les exemples typiques sont l’assurance habitation (incendie, vol, etc.) et l’assurance automobile (collision, feu, vol, vandalisme, etc.). On y retrouve également des branches plus spécialisées telles que l’assurance responsabilité civile, l’assurance maritime, l’assurance cautionnement, etc.
La nature du travail n’est pas la même d’une province à l’autre et d’un pays à l’autre : certains risques couverts par la Société d’assurance automobile du Québec sont en effet assurés par le secteur privé à l’extérieur du Québec.
Les tâches typiques de l’actuaire IARD consistent à :
· établir la tarification d’un produit d’assurance en fonction des caractéristiques des assurés (exemple : sexe, âge, expérience de conduite, type de véhicule et lieu de résidence pour l’assurance automobile);
· déterminer le niveau des passifs actuariels requis selon les lois;
· déterminer la solvabilité de l’assureur;
· déterminer la profitabilité de chaque ligne d’affaires de l’assureur;
· établir la juste valeur d’une société lors d’une fusion ou acquisition.
Il y a une similitude entre les tâches de l’actuaire en assurance vie et en assurance I.A.R.D., mais les distinctions pratiques, les produits, les normes applicables et les techniques utilisées diffèrent considérablement entre les deux secteurs d’activités.
L’employeur typique d’actuaires dans ce domaine est une société d’actuaires conseil. Une telle entreprise offre ses services à plusieurs clients qui ont besoin des services spécialisés d’un actuaire. On retrouve cependant des actuaires dans ce domaine de pratique qui sont à l’emploi de sociétés d’assurance, du gouvernement ou d’employeurs ayant de nombreux employés.
Le client type d’un bureau d’actuaires conseil est par exemple une entreprise offrant un régime de retraite à ses employés : elle aura besoin des services de l’actuaire pour l’assister dans la conception et l’élaboration du régime pour effectuer les évaluations actuarielles périodiques requises selon la loi et ainsi obtenir un avis professionnel sur la santé financière du régime et le niveau des coûts reliés au régime.
Un actuaire conseil peut également se spécialiser en assurance collective et autres avantages sociaux pour assister l’employeur et les groupes d’employés dans le choix des produits. D’autres actuaires travaillent dans le domaine de la rémunération ou à titre de témoin expert devant les tribunaux.
Notons enfin que des actuaires conseil spécialisés dans le domaine de pratique de l’assurance vie ou I.A.R.D. peuvent effectuer les tâches qui sont énumérées ci-dessus pour ces deux domaines d’activités à l’intérieur d’une firme de consultation.
Le gouvernement emploie plusieurs actuaires, au niveau provincial ou fédéral, selon les divers programmes de sécurité sociale établis par des lois et visant à protéger la population. Il emploie également des actuaires dans les organismes de contrôle visant au respect des lois régissant l’encadrement des activités d’assurance et l’établissement de régimes de retraite.
Des actuaires travaillent par exemple à la Société d’assurance automobile du Québec (assurance vie et assurance invalidité résultant de l’utilisation de véhicules). D’autres actuaires œuvrent à la Commission de la santé et sécurité du travail (mêmes risques que pour l’exemple précédent, mais dans le cadre spécifique de l’emploi). La Régie des rentes du Québec emploie des actuaires pour l’évaluation du Régime de rentes du Québec, et pour la surveillance des régimes privés de retraite. L’Autorité des marchés financiers surveille les activités d’assureurs faisant affaires au Québec et requiert aussi les services d’actuaires. On retrouve également des actuaires à la C.A.R.R.A. (Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances), au Conseil du Trésor et au Ministère de la Santé et des Services sociaux.
Des emplois similaires existent dans d’autres provinces. On retrouve au niveau fédéral des actuaires dans la fonction publique pour s’occuper de la surveillance des activités des sociétés d’assurances (B.S.I.F. ou Bureau du Surintendant des institutions financières), de l’évaluation des régimes de retraite des employés de la fonction publique, de l’évaluation du Régime de pensions du Canada et du régime d’assurance-emploi. Avec les ajustements nécessaires, on retrouve des actuaires occupés à des tâches similaires dans d’autres pays.
Bien qu’on retrouve une moins grande proportion d’actuaires spécialisés dans ce domaine comparativement à ceux cités précédemment, il s’agit d’un domaine en voie d’expansion. Des actuaires aux compétences quantitatives solides évoluent dans une sphère d’activité où leurs aptitudes à l’évaluation du risque s’appliquent dans le contexte de la finance et de l’évaluation des produits financiers plus sophistiqués. Ces actuaires travaillent donc plus du côté de l’actif que du passif, par opposition à l’évaluation des engagements des programmes de sécurité financière.
Certains actuaires s’impliquent à la fois dans les domaines de l’actif et du passif par la nature des mandats qui leurs sont confiés (appariement et immunisation pour société d’assurance ou régimes de retraite).
D’autres se spécialisent dans le risque de crédit ou en viennent à travailler exclusivement dans le domaine des placements.
Cette dernière catégorie regroupe des champs disparates, mais qui correspondent à des parcours bien spécifiques.
Certains actuaires se spécialisent dans la réassurance, soit à titre d’assureur de risques cédés par des sociétés d’assurance à un réassureur. L’assureur se protège, par exemple, contre des risques de pertes catastrophiques reliées à un seul événement, ou encore cède une proportion définie de l’ensemble de ses risques pour éviter notamment de trop grandes fluctuations dans ses résultats financiers.
D’autres actuaires se retrouvent dans les universités où ils se consacrent aux missions traditionnelles de l’enseignement et de la recherche dans leur discipline.
On observe également que certains actuaires se spécialisent dans le domaine informatique, plus particulièrement dans le développement de logiciels spécialisés utilisés notamment par les sociétés d’assurance.
Enfin, un domaine relativement récent d’intérêt pour les actuaires est la gestion du risque d’entreprise (« Enterprise Risk Management ») : l’actuaire applique alors ses connaissances de modélisation du risque non seulement à une branche traditionnelle du risque, mais à différentes facettes des risques encourus par une entreprise dans la conduite de ses activités d’affaires.